La décision de la justice belge mardi (11 avril) de libérer l’eurodéputé belge Marc Tarabella sous bracelet électronique a donné l’espoir à l’eurodéputée grecque Eva Kaili qu’elle bénéficierait d’un traitement similaire lors d’une audience jeudi (13 avril), a appris EURACTIV.
Marc Tarabella, accusé de corruption publique, de blanchiment d’argent et d’appartenance à une organisation criminelle en raison de son implication présumée dans le système d’échange d’argent contre influence connu sous le nom de Qatargate, avait précédemment été exclu de son groupe parlementaire (S&D) et avait vu son immunité parlementaire levée.
Le 10 février, il a été placé en détention par la police belge et a depuis lors demandé à plusieurs reprises à être libéré.
L’eurodéputé belge a été accusé par l’ancien eurodéputé italien Pier-Antonio Panzeri (S&D) d’avoir reçu d’importantes sommes d’argent (120 000 à 140 000 euros) en échange d’un assouplissement de sa position sur le Qatar, mais depuis l’éclatement du scandale, il n’a cessé de clamer son innocence.
Mardi, il a été annoncé qu’il serait finalement libéré de prison et qu’il pourrait rentrer chez lui sous surveillance électronique.
« Nous venons d’appendre avec soulagement la libération imminente de Marc Tarabella. Il reste bien sûr à disposition des enquêteurs et du juge d’instruction si, d’aventure, ils estimaient avoir besoin de plus amples informations », a déclaré son porte-parole dans un communiqué.
« Rappelons que Marc Tarabella a toujours plaidé son innocence ; il a également toujours dit ne rien avoir à se reprocher et ne jamais avoir reçu d’argent ou de cadeaux en échange de ses opinions », a-t-il ajouté.
Son avocat, Maxim Töller, a déclaré sur RTL mercredi matin (12 avril) que Marc Tarabella ne peut sortir de son domicile, sauf en cas d’urgence médicale ou bien s’il se rend en audience, rencontre son avocat ou les enquêteurs. Il ne peut également pas rentrer en contact avec les autres accusés dans le cadre de l’enquête sur le Qatargate.
L’avocat explique que cette annonce de libération sous bracelet est « un soulagement » pour Marc Tarabella, car il peut enfin rejoindre ses proches et cela lui permettra également de mieux se défendre, puisqu’il aura désormais accès à ses documents, ses emails, etc.
Interrogé sur les accusations qui pèsent sur M. Tarabella, Me Töller estime que certains éléments du dossier « posent question », car M. Panzeri « a cru devoir dire certaines choses » dans le cadre de l’accord de repenti signé avec la justice belge en vertu duquel il s’engage à collaborer avec la justice en échange d’une réduction de peine.
Or, si M. Panzeri revient sur ses déclarations, il y a révocation de cet accord. Selon l’avocat de l’eurodéputé belge, cette loi « ne pousse pas à dire la vérité », et la parole de l’ex-eurodéputé italien doit donc être prise « avec des pincettes », un élément qu’il avait déjà souligné précédemment.
Maxim Töller a tenu à rappeler qu’aucune trace de l’argent mentionné par Pier-Antonio Panzeri n’avait été trouvée par les enquêteurs chez M. Tarabella ou dans ses bureaux. En outre, un expert a analysé les comptes et les comportements financiers du Belge sur les six dernières années et rien de suspect n’a été détecté. Une autre expertise est actuellement en cours pour confirmer ces éléments.
Après avoir été entendu par les enquêteurs et placé en détention préventive vendredi, l’eurodéputé belge Marc Tarabella a été entendu ce week-end par le juge d’instruction en charge du dossier du scandale du « Qatargate ».
Lueur d’espoir pour Eva Kaili ?
Pour l’instant, seule l’eurodéputée grecque et ancienne vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili, reste en prison.
Jeudi, les autorités belges réexamineront sa demande de libération sous bracelet électronique. Selon une source proche du dossier, ce qui donne de l’espoir à Mme Kaili, c’est qu’elle et Marc Tarabella ont tous les deux clamé leur innocence.
« Je pense que la décision concernant Marc Tarabella peut influencer le cas d’Eva Kaili », a indiqué mardi son avocat grec, Michalis Dimitrakopoulos, sans donner plus de détails.
Le cerveau présumé du Qatargate, Pier-Antonio Panzeri, et le partenaire d’Eva Kaili, Francesco Giorgi, ont déjà été libérés sous bracelet électronique. Tous deux ont cependant reconnu leur culpabilité dans ce scandale.
Selon la presse, M. Panzeri a désigné Mme Kaili comme un personnage clé du système de corruption mis en place au sein du Parlement.
L’avocat basé à Bruxelles Spyros Pappas, qui collabore avec Mme Kaili sur une autre affaire en cours liée aux salaires de ses assistants au Parlement européen, a confié à EURACTIV que le seul critère de maintien en détention était la possibilité de falsification d’informations ou son évasion potentielle.
Des éléments « sur la base desquels sa détention n’est pas objectivement justifiée », a-t-il affirmé.
Une autre source proche du dossier n’a pas exclu la possibilité que les autorités belges maintiennent l’ex vice-présidente du Parlement européen en prison afin de faire pression sur elle et la pousser à plaider coupable.
« Le juge d’instruction belge Michel Claise peut “sentir” quelque chose, mais pour l’instant, il n’y a pas de preuves suffisantes de sa culpabilité », a indiqué la source.
« Si ces preuves existent, elles devront être montrées lors du procès principal lorsqu’il aura lieu », a-t-elle ajouté.
Cette même source a laissé entendre qu’il est « inacceptable » que depuis son emprisonnement, Mme Kaili n’ait pas pu exercer ses fonctions parlementaires et que les autorités du Parlement européen n’aient même pas fait d’effort dans ce sens.
« Alors que dans le même temps, l’eurodéputé d’extrême droite Giannis Lagos, condamné pour avoir dirigé le parti néonazi Aube dorée en tant qu’organisation criminelle, participe aux sessions du Parlement européen », a souligné la source.
Pour rappel, Eva Kaili est emprisonné depuis le 9 décembre 2022.
C’est d’abord le partenaire de Mme Kaili qui a été arrêté par la police belge. Lorsqu’elle a été informée de son arrestation, la Grecque a appelé son père, qui se trouvait à Bruxelles, et lui aurait demandé de se rendre chez elle pour prendre une valise qui, selon elle, appartenait au « cerveau »présumé du Qatargate, Pier-Antonio Panzeri.
Interrogée par les autorités belges pour savoir si elle était au courant que cette valise contenait de l’argent, Eva Kaili a répondu qu’elle s’en était rendu compte en l’ouvrant.
Mme Kaili a également laissé entendre que M. Panzeri avait profité de son immunité d’eurodéputée pour cacher son argent dans son appartement.
En janvier, une source avait confié à EURACTIV que, au vu de toutes les accusations auxquelles Mme Kaili est confrontée, il serait difficile de prouver qu’elle n’a pas été impliquée dans le scandale de corruption.
Par : Par : Anne-Sophie Gayet et Sarantis Michalopoulos | EURACTIV.com | translated by Alexis Debrou