La Première ministre italienne Giorgia Meloni a réitéré dans une interview lundi (20 mai) son objectif d’unir les partis de droite européens. Après des propos conciliants de la part de la dirigeante du Rassemblement national Marine Le Pen la veille, cette évolution pourrait marquer un rapprochement grandissant entre des partis qui ne se sont pas toujours vus d’un même œil.
« Nous nous concentrons sur le nom du président de la Commission européenne, mais le véritable défi est de construire une majorité différente de celle que nous avons connue ces cinq dernières années, qui est une majorité contre nature entre le Parti populaire européen et les socialistes », a déclaré Mme Meloni lors de l’émission « Mattino Cinque News » sur Canale 5, la chaîne de télévision fondée par l’ex-Premier ministre Silvio Berlusconi.
Vingt jours avant le vote qui pourrait changer la donne au sein de l’UE, Mme Meloni a présenté un « modèle » à mettre en œuvre lors de la prochaine législature européenne : l’union des partis de droite en Europe.
« Je veux tenter, tâche difficile mais fascinante, de reproduire en Europe ce qui a été fait en Italie, en unissant des partis compatibles dans leur vision bien qu’ayant des nuances complètement différentes et en envoyant la gauche dans l’opposition », a-t-elle expliqué.
Selon les analystes, ces déclarations pourraient laisser entrevoir une alliance potentielle avec le groupe Identité et Démocratie de Marine Le Pen.
Lors d’une conférence organisée par Vox à Madrid, la cheffe du Rassemblement national s’est montrée plus conciliante à l’égard de Mme Meloni, marquant ainsi un net changement par rapport à ses commentaires antérieurs.
« Il y a des points communs avec Mme Meloni », a déclaré Mme Le Pen dimanche.
« Il ne s’agit pas d’individus, mais de liberté. [Giorgia] Meloni et [Matteo] Salvini se soucient de la liberté. Il ne fait aucun doute qu’il y a des convergences en ce qui concerne la liberté des personnes vivant en Europe », a-t-elle ajouté.
Ces commentaires marquent un net revirement comparés à ceux prononcés deux mois plus tôt lorsque Mme Le Pen avait critiqué Mme Meloni lors d’un événement organisé par le vice-premier ministre Matteo Salvini à Rome, en déclarant : « Dites-nous clairement si vous soutenez Ursula von der Leyen pour la présidence de la Commission, car nous ne le ferons jamais ».
Après s’être montrée initialement ouverte à la candidature de Mme von der Leyen, Mme Meloni a évité dernièrement de donner une réponse directe à ce sujet.
Dans l’interview, Mme Meloni affirme que ces dernières années, l’UE a été « trop occupée par des questions triviales pour s’apercevoir que nos nations ne contrôlaient plus rien en matière de provisions essentielles ».
Mais le défi pour l’Europe aujourd’hui est de « reprendre le contrôle de son destin, de se concentrer sur un nombre réduit de choses et de les faire mieux », a ajouté Mme Meloni.
« Ces dernières années, l’UE a dicté ce que nous pouvions ou ne pouvions pas manger, quelles voitures nous pouvions ou ne pouvions pas conduire. Je pense que cela représente une limitation de la liberté des individus et des États nationaux qui doit être inversée. L’UE peut et doit fixer des objectifs, mais c’est ensuite aux États nationaux de décider comment les atteindre », a-t-elle ajouté.
Par : Alessia Peretti | EURACTIV Italie | translated by Marie-Alix Pocholuk