Dans un style très direct, le Premier ministre bulgare a demandé au président de la Commission européenne quels seraient les risques géopolitiques durant la présidence bulgare de l’UE. Une question restée sans réponse. Boyko Borissov, le Premier ministre bulgare, s’est déplacé à Bruxelles le 8 novembre avec tout son gouvernement pour rencontrer les responsables de l’UE, avant le démarrage de la présidence de l’UE, en janvier prochain.
Dès son discours devant la presse, Boyko Borissov a déclaré qu’il voulait savoir quels étaient les potentiels adversaires, « en cas de guerre ».
« Je suis très favorable à un audit complet des moyens militaires existants dans le domaine de la défense. Sont-ils suffisants dans les conditions actuelles ? Sont-ils bien répartis ? Qui sont les adversaires potentiels ? Où devrait se trouver la première ligne de défense ? […] Nous devrions avoir une position plus claire sur tous ces sujets », a-t-il affirmé.
Et de poursuivre : « sans parler de la coopération industrielle et des possibilités – y compris pour la Bulgarie de produire de tels équipements – de coopération avec d’autres pays européen afin de préserver des emplois et notre compétitivité ».
Le Premier ministre bulgare juge que des discussions sur ce sujet permettraient de mieux dépenser l’argent public.
Euractiv a demandé à Boyko Borissov et Jean-Claude Juncker quels étaient les risques géopolitiques durant la présidence bulgare. « Il n’y a aucun risque car le gouvernement bulgare est très résilient », a répondu le président de l’exécutif avec sa spontanéité habituelle, sans toutefois évoquer la Russie ou le seul conflit de l’Europe en ce moment, en Ukraine. Les liens entre Bulgarie et Russie restent étroits, nettement plus étroits qu’avec n’importe quel autre pays d’Europe.
Interrogé sur ce qu’il voulait dire par « guerre », Boyko Borissov a répondu : « si tous les pays disent que nous devrions davantage dépenser dans le domaine de la défense, cela signifie qu’il existe une menace. Si nous dépensons plus sur la défense, c’est que nous nous attendons à ce que quelqu’un nous agresse. Voilà pourquoi j’ai demandé cela à la Commission aujourd’hui. »
« J’ai demandé à Jean-Claude Juncker de confirmer de quels pays venaient les menaces, afin que nous renforcions les frontières concernées, que nous déployions l’armée, l’artillerie, les missiles, les avions. Nous avons besoin de savoir d’où viendra l’attaque pour ne pas dépenser des tonnes d’argent sans savoir pourquoi », a-t-il poursuivi.
Il a rappelé que la plupart des pays européens étaient dans l’OTAN donc pour eux, peu importe si l’argent va à l’OTAN ou à la défense européenne, puisqu’il est provient du même porte-monnaie.
« La Bulgarie est située dans une zone extrêmement complexe. Cependant, elle n’est plus aujourd’hui un pays demandeur de stabilité, mais fournisseur de stabilité. J’aimerais que tous les pays de la région suivent le même chemin », a déclaré Jean-Claude Juncker.
Le 24 octobre, la Bulgarie a annoncé qu’elle rejoignait la CSP, la Coopération structurée permanente sur la sécurité et la défense, comme inscrit dans le traité de l’UE. Les médias bulgares ont peu couvert le sujet, mais la décision est importante car le pays rejoint ceux qui veulent voir l’UE avancer et devenir un plus acteur mondial plus fort.
Le 7 septembre, les ministres européens de la défense, accueillis par la présidence estonienne à Tallinn se sont accordés sur le lancement de la CSP d’ici à la fin de l’année.
Parvenir à un accord sur un transfert complet des compétences dans le domaine de la défense au niveau européen sera difficile étant donné l’existence du cadre réglementaire de l’OTAN.
La CSP vise donc plutôt à étendre la coopération en termes de projets individuels. Des projets d’armements, intéressants pour plusieurs États membres, pourront être lancés conjointement. Ils seront par la suite considérés comme des projets européens, même si tous les États membres ne sont pas concernés.
La Bulgarie est l’un des pays européens les plus pauvres, mais possède un grand potentiel dans l’industrie de l’armement.
Par : Georgi Gotev | EURACTIV.com | translated by Marion Candau