« Un tract distribué par le Parti de l’indépendance au pays de Galles compare la lutte contre l’UE à celle contre l’Allemagne nazie. Il suscite une vive polémique.
L’UKIP fait de nouveau la polémique en Grande-Bretagne. Un tract du parti distribué montre une photo d’un cimetière de guerre britannique, ainsi que le commentaire : « Ils se sont battus et sont morts pour que le Royaume-Uni reste libre, pour repousser les invasions étrangères et empêcher le contrôle du pays par des pouvoirs étrangers. Faites en sorte que leur sacrifice ne soit pas vain. Votez UKIP ». Un document qui a indigné la classe politique britannique pour son manque de tact, notamment à l’heure du centenaire de la Première Guerre mondiale. On peut lire en dessous, « Pour eux, pour la liberté, pour le Royaume-Uni ».
Billy Bragg aterré. Le chanteur britannique Billy Bragg a publié une photo du tract sur sa page Facebook. Le Britannique, qui avait été par ailleurs interviewé par EurActiv en 2013, s’est dit atterré par le document, qui a été distribué au pays de Galles.
En outre, des interrogations restent en suspens quant à savoir si les tombes, qui apparaissent sur la photo, sont bien celles de soldats britanniques. Ce n’est pas la première fois que le parti eurosceptique est critiqué pour sa communication. UKIP a été contacté par EurActiv, mais aucune réponse n’a été donnée jusqu’à maintenant.
Sur Facebook, Billy Bragg, bien connu pour son militantisme, restitue une conversation qu’il avait eue, lui et son fils, avec certains vétérans de la Seconde Guerre mondiale en 2004. À l’époque, les élections européennes coïncidaient avec le 60eanniversaire du débarquement.
Voilà ce qu’il écrit. « Sans surprise, ils étaient légèrement réticents face à une Europe dominée par l’Allemagne. Mais ils tombaient d’accord pour dire, si cela permettait à Jack [le fils du chanteur] et à sa génération de ne jamais avoir à prendre d’assaut une plage, que le partage d’un peu de souveraineté nationale avec les pays voisins valait la peine.
J’ai pensé à ces soldats aujourd’hui quand j’ai vu le tract de UKIP qui exploite nos morts. Ces soldats sont tombés pour avoir défendu notre pays face à une agression étrangère à la suite de l’échec des dirigeants politiques n’ayant su éviter que l’Europe sombre dans la guerre une seconde fois en 25 ans. Quand ils enfilaient leur uniforme, en arrière-pensée, les soldats de la Seconde Guerre mondiale devaient se demander si, à l’instar de la génération avant la leur, leur sacrifice serait vain. Si la prochaine génération serait condamnée à combattre comme ils étaient en train de le faire.
Le fait que ma génération n’ait pas à monter au front procède des structures mises en place au lendemain de la guerre afin de garantir que le Royaume-Uni ne soit plus jamais menacé par des puissances européennes. L’UE est le plus grand des monuments commémorant le sacrifice des soldats tombés durant la Seconde Guerre mondiale. Que UKIP les exploite d’une telle manière constitue une injure à leur sacrifice ».
Le conseiller du parti travailliste britannique, David Ellis, a déclaré pour sa part :« Si le tract du cimetière de guerre du UKIP est vrai, alors peut-être devraient-ils se rendre à Newark sur les tombes des soldats polonais, morts au combat contre le nazisme ».
Le député conservateur, Ben Gummer, a ajouté de son côté : « ces croix me semblent être françaises. Cette erreur en dit long sur ce que vous devez savoir [sur le parti UKIP]… », a-t-il tweeté sur son compte.
Le Parlement européen a indiqué pour sa part qu’il ne ferait aucun commentaire alors que les élections sont sur le point d’avoir lieu. De même, la Commission européenne ne s’exprimera pas sur quelques affiches de campagne. En revanche, elle a indiqué que toute campagne doit se fonder sur des faits et non sur des préjugés.
Une fin de semaine difficile
Ce fut un week-end bien difficile pour le parti eurosceptique britannique. Janice Atkinson, la femme politique la plus haute dans la hiérarchie du parti, a lancé à des militants verts « d’aller se faire voir » tout en leur adressant un geste obscène.
De son côté, après avoir essuyé de vives critiques, le chef du parti, Nigel Farage, s’est dit regretter d’avoir déclaré qu’il aurait quelques inquiétudes si un groupe de Roumains venait s’installer dans son voisinage immédiat.
Ses propos, tenus lors d’un entretien à la radio londonienne LBC, avaient été qualifiés de racistes. Nigel Farage avait donné alors l’impression d’avoir perdu la face devant le journaliste lors d’un entretien musclé de 20 minutes.
Malgré les revers et les critiques, UKIP devrait connaître une victoire sans précédent lors des élections européennes. Les Britanniques votent jeudi soir, mais les résultats ne seront connus que dimanche prochain. »