Au lendemain du départ de Nicolas Hulot du gouvernement, un sondage révèle que les Français considèrent l’Union européenne comme l’échelle la plus efficace (37 %) pour les politiques environnementales, devant le gouvernement français (26 %). Les citoyens comptent surtout sur l’UE en matière d’environnement. La démission du ministre de la transition écologique vient, de fait, prouver que l’échelle nationale est compliquée pour les politiques favorables à l’environnement. « Qui a le pouvoir, qui gouverne ? », s’est-interrogé sur France Inter le 28 août Nicolas Hulot, dénonçant le poids des lobbys.

Ce ne sont pas « les lobbies » qui ont eu la peau de Nicolas Hulot, mais bien le soutien franc et entier d’Emmanuel Macron au commerce mondialisé et à l’industrie. Pesticides, perturbateurs endocriniens, chasse, mine en Guyane… rien ne « collait ». Un article de notre partenaire, le JDLE.
Malgré l’inertie du gouvernement sur des sujets cruciaux, tels que le glyphosate, les perturbateurs endocriniens ou encore le nucléaire, les problématiques climatiques et de développement durable restent au cœur des préoccupations des citoyens français et plus largement, européens selon l’enquête réalisée par Opinion Way pour Open Diplomacy.
Pour Thomas Friang, fondateur de l’institut Open Diplomacy, qui organise une consultation citoyenne le 1er septembre sur le thème de l’Europe du développement durable, «le sujet est central, et les citoyens ont compris qu’il fallait agir à l’échelle de l’Union européenne».
Surtout dans le contexte international. « La présidence de Donald Trump a bousculé les rapports de force. Le partenaire historique de l’UE est en recul, et l’Union doit trouver d’autres relais d’influence, comme le Canada, pour faire avancer les choses», explique-t-il.
En effet, au classement des partenaires internationaux les plus fiables en matière d’environnement selon les Français, les États-Unis sont derniers, juste après la Russie, avec une confiance de seulement 20 %.
En haut du podium se trouve le Canada. Un résultat compréhensible, puisque le pays apparaît comme pro-climat et pays tampon dans la situation délicate entre l’UE et les États-Unis. Mais quelque peu paradoxal puisque le pays inspire confiance aux Français, alors que la troisième plus grande priorité de l’UE en termes d’écologie selon eux est la protection de l’environnement dans les accords de libre-échange.
Or, le CETA, l’accord de libre-échange avec le Canada, a cristallisé les inquiétudes autour de son impact sur l’environnement, le climat et la santé. Jusqu’à pousser l’UE à débattre de l’inclusion d’un chapitre dédié au développement durable dans les accords commerciaux qu’elle conclut avec les pays tiers.
Au total, 43 % des personnes interrogées pensent que la priorité pour l’Union européenne en matière d’écologie est la protection de la biodiversité. À ce sujet, ils sont 82 % à vouloir l’inscription de cette dernière dans la Constitution, contre 16 % qui y sont opposés.
Sur la deuxième marche du podium des priorités environnementales de l’UE se trouve la gestion des migrations provoquées par les dérèglements climatiques (42 %), suivie de l’environnement dans les accords commerciaux (35 %).
En bas du classement se trouve le développement de la finance verte dans l’UE. La finance verte consiste à évaluer l’impact des investissements sur le climat. « C’est l’angle mort des préoccupations des citoyens », regrette Thomas Friang. « Le résultat est en décalage avec les initiatives prises à l’échelle des institutions internationales, comme l’agenda de la finance verte de la Commission européenne ou le TCFD du G20, le groupe de travail sur le reporting climatique. »
« C’est un axe central de la lutte contre le changement climatique, les institutions l’ont compris, mais le sujet, complexe, n’a pas encore eu le temps de s’imposer dans les débats publics », conclut le président de Open Diplomacy.