Le nouveau gouvernement dévoilé par Michel Barnier samedi 21 septembre est dominé par la droite et le centre droit. Critiqué par l’opposition, l’exécutif prévoit de se concentrer en premier lieu sur l’immigration et la réduction du déficit public.
« Il a fallu au conservateur [Michel] Barnier, ancien négociateur de l’UE pour le Brexit, plus de deux semaines de négociations difficiles avec les différents partis […] pour parvenir à un gouvernement qui, espère-t-il, ne fera pas l’objet d’un vote de défiance« . C’est avec ces mots que le Financial Times résumait samedi la formation du nouveau gouvernement français, dévoilée dans la soirée.
Composé « essentiellement de noms de la droite et du camp macroniste, le nouvel exécutif est vivement critiqué par l’opposition« , explique la Rádio e Televisão de Portugal. La nouvelle équipe gouvernementale est composée d’une majorité de ministres issus du parti présidentiel Renaissance et de ses alliés, « bien qu’ils soient passés de la première à la deuxième force parlementaire lors des élections [législatives anticipées] de juillet« , constate El Diario.
Du point de vue de La Reppublica, les tractations « ont abouti à un découpage ministériel ‘à la Cencelli’« , une méthode élaborée dans les années 1950 par un fonctionnaire italien pour répartir avec précision les forces politiques au sein d’une coalition. Michel Barnier a dû en effet composer avec le parti présidentiel, « ses alliés François Bayrou et Edouard Philippe, et le nouveau partenaire de la coalition, les Républicains« .
La présence de l’ancien sénateur LR Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur a été remarquée : « les alliés de M. Macron s’inquiètent de sa position radicale et intransigeante sur la question migratoire« , rapporte le Guardian. Quant à la gauche, elle « n’a obtenu qu’un seul poste au sein du gouvernement, celui de ministre de la Justice avec l’ancien député socialiste Didier Migaud, ce qui a immédiatement suscité des protestations« , ajoute le quotidien allemand Die Zeit. Pour le quotidien espagnol de gauche El Diario, c’est ainsi Emmanuel Macron qui « forme un gouvernement de droite avec Barnier à sa tête et fait un clin d’œil à Le Pen ».
Un gouvernement sous pression
Alors que le nouveau gouvernement de Michel Barnier se réunit ce matin, « les 39 nouveaux ministres commencent leur travail sous le feu des protestations de la rue et de l’extrême-droite« , selon la chaîne d’information SIC Notícias. The Guardian évoque même des « menaces croissantes d’une motion de censure parlementaire », qui « ont mis le gouvernement sous une contrainte considérable avant même qu’il n’ait eu l’occasion de commencer à travailler« .
Selon le communiqué de Matignon, « lors de la rencontre avec les représentants politiques, M. Barnier […] a mis l’accent sur ‘l’amélioration du niveau de vie des citoyens, la sécurité, et en particulier la maîtrise de l’immigration’ » [El Periódico]. L’assainissement des finances publiques est également une préoccupation majeure de l’exécutif, qui pourrait décider de « réductions de dépenses impopulaires« , selon le Financial Times.
Dans une interview accordée à France 2 dimanche, le Premier ministre français a de nouveau qualifié de « très grave » la situation financière du pays, rappelle SIC Noticias. Durant cette même interview, M. Barnier a promis « qu’il n’y aurait pas d’augmentation de l’impôt sur le revenu pour les bas salaires ou la classe moyenne« , rapporte Die Zeit. Mais « au contraire, ‘les plus riches’ devraient apporter leur ‘contribution de solidarité’ au redressement des finances publiques« , a-t-il déclaré. Le gouvernement doit présenter son projet de budget pour 2025 d’ici début octobre, conclut le journal allemand.