« En Europe, mais aussi en Inde, en Chine ou aux États-Unis, la presse revient largement sur la poussée anti-européenne dans le nouveau Parlement. La photo de Marine Le Pen figure dans les éditions de la grande majorité des quotidiens. »
États-Unis
Vu des États-Unis, la montée des partis eurosceptiques est le fait marquant de l’élection. Le Washington Post et le New York Times détaillent longuement les scores du Front national, du Ukip au Royaume-Uni et de Syriza en Grèce. « Le Parlement européen est fondé sur l’idée d’un ‘Demos’ (peuple) européen », explique le directeur du think tank londonien Center for European Reform cité par le NYT. « Mais, si ce démos n’existe pas, le Parlement a beaucoup de difficulté à être connecté aux citoyens. »
Inde
L’article sur les élections européennes publié dans le plus grand quotidien anglophone indien « The Indian Times » est entièrement consacré à la montée des partis extrémistes et eurosceptiques. « L’un des grands gagnants est le parti d’extrême droite français Front National, vainqueur en France avec 26 % des suffrages, soit 4,1 million de voix », résume le journal.
The Economic Times parle d’un « tremblement de terre en France » et affirme que, selon les analystes politiques interrogés, le système politique français peut désormais être considéré comme « tripartite ».
Chine
En Chine, l’intérêt pour les élections européennes des journaux qui disposent d’une édition anglaise est limité. Le quotidien China Daily se concentre sur la réaction du président de la Commission européenne José Manuel Barroso. Les élections reflètent une forme de consensus, différents défis doivent être relevés au niveau européen, aurait-il affirmé.
Pour l’agence de presse nationale Xinhua, c’est le résultat du FN en France, « l’un des pays fondateurs et deuxième économie de l’Union européenne », qui est « le plus étonnant ».
Royaume-Uni
Séisme en Grande-Bretagne avec la victoire des anti-européens de l’Ukip, qui passent de 13 à 24 sièges, rappellent le Guardian et The Independant. Pour la première fois depuis 1910, ni le Labour (second) ni les Tories (qui arrivent troisième) ne sont en tête d’une élection. Les libéraux démocrates s’effondrent et sont dépassés en voix par les verts.
En Écosse, l’Ukip parvient à décrocher un siège, dans un scrutin marqué par une piètre performance du parti indépendantiste, le SNP, qui arrive en tête (28,9 %) juste devant le Labour (25 %) avec deux sièges chacun. Lire l’article du Scotsman.
Les Britanniques n’ont pas été les seuls à exprimer leur mécontentement vis-à-vis de l’Union européenne et de leur gouvernement national, rappelle le journal de centre gauche The Guardian, « L’Union européenne n’a jamais été confrontée à une crise de légitimité comme celle qui a éclaté dans les bureaux de vote en Europe ce week-end. »
« L’élite de l’UE a reçu une raclée immense à travers le continent, affirme le tabloïd Sun, qui parle d’une « révolution partout en Europe », « massacrant les politiciens traditionnels ».
Pour le Financial Times, la victoire des partis extrémistes représente plutôt « une rébellion contre les partis politiques nationaux traditionnels, que contre un quelconque concept très distant ‘d’Europe’. »
Irlande
Désastre pour les travaillistes irlandais, qui n’ont plus aucun député européen, et perdent, aux élections locales organisées le même jour, plus de la moitié de leurs sièges, dont les villes de Cork et Dublin, rappellent l’Irish times et l’Irish Examiner. La coalition gouvernementale est en danger.
Belgique
Le scrutin européen a été marqué par la percée de la NVA en Flandres, qui passe de 1 à 4 sièges. La performance du Front national en France marque les esprits. Les quotidiens évoquent un « effondrement » des partis de gouvernement. Lire le dossier du Soir et celui de la libre Belgique.
Mais, la Belgique a aussi voté, dimanche 25 mai, pour renouveler ses institutions et son gouvernement fédéral. « C’est une victoire imparable dont la conclusion évidente a été tirée hier par tous : Bart De Wever a la main pour mener les négociations aux niveaux flamand comme fédéral », observe Béatrice Delvaux dans Le Soir. « Le leader nationaliste a d’ailleurs fait un sans-faute lors de son discours hier soir : pas d’agressivité ni d’exclusion et la volonté de garantir le futur via un nouveau paradigme socio-économique », ajoute l’éditorialiste.
Luxembourg
Grande stabilité politique au Luxembourg pour le Luxemburger Wort, où le CSV, le parti de Jean-Claude Juncker, emporte trois sièges sur six. La campagne a été menée par la commissaire sortante Viviane Reding, qui arrive en tête pour les votes sur sa personne. Les trois autres partis représentés au Parlement européen conservent leurs positions, avec un siège chacun.
Pays-Bas
Le score des anti-européens fait la une du journal néerlandais De Volkskrant. Le quotidien rappelle que l’escadron anti-UE s’élève à 215 sièges (30 % du total) contre 156 lors de la précédente mandature (20 %).
Mais, cette poussée de sièges augure-t-elle un renforcement du pouvoir de ces partis au Parlement européen ? On peut en douter, écrit le correspondant européen Marc Peeperkorn. « Cela dépend aussi de la capacité et de la volonté politique de ces partis de former un groupe afin d’exercer une influence ( …) L’expérience montre que les ego sont légèrement plus grands que les résultats des élections, surtout dans ce genre de partis. »
Allemagne
Les électeurs ont exprimé leur colère, en votant massivement pour des partis extrémistes. Mais leurs motivations n’étaient pas les mêmes au Nord et au Sud,analyse le quotidien de gauche TAZ. « Le Sud de l’Europe a fait preuve d’une plus grande maturité démocratique », écrit le journal. Les partis qui y ont connu un grand succès ne sont pas pour l’abandon de l’Europe, comme le prônent le FN en France ou l’Ukip en Grande-Bretagne.
La notion de « plus d’Europe » devrait avoir fait son temps étant donnée la montée en puissance des partis anti-européens en France et en Grande-Bretagne, estime le quotidien de centre droit FAZ. Mais peu de choses changeront au Parlement européen, où « il y aura comme avant un grande coalition informelle, qui organise les majorités et représente le ‘mainstream’européen”.
Le quotidien de centre gauche Süddeutsche Zeitung analyse la défaite des conservateurs bavarois de la CSU (moins de 7,6 %). « Ceux qui s’opposent à l’Europe et voient Bruxelles comme le responsable de tous les maux ont finalement préféré voter pour l’original – c’est à dire les populistes eurosceptiques de l’Alternative pour l’Allemagne », constate-il. Le SPD a gagné des voix en Bavière et partout en Allemagne, en adaptant une ligne décidément pro-européenne.
© David, Bergin, Emmett and Elliott