Vladimir Poutine et le PDG de Gazprom ont annoncé, lundi, l’abandon du projet de gazoduc South Stream. Il devait relier la Russie à l’Union européenne, sans passer par l’Ukraine. Le président russe a choisi de faire sa déclaration en Turquie pour montrer le rapprochement entre les deux pays, au détriment de ses relations avec les Européens.
Le projet de gazoduc est « une source de conflit depuis des années entre Bruxelles et Moscou », mais « ce renoncement russe est le dernier avatar de la crise opposant Moscou aux capitales occidentales autour de l’avenir de l’Ukraine », explique Le Monde. Le site du quotidien rappelle que « dès le départ, il s’agissait d’un projet très politique puisqu’il avait été conçu pour dissuader l’UE de mener à bien son propre projet ». Même constat pour Les Échos qui affirment que la Russie « se refuse à comprendre et appliquer la législation de l’Union, qui oblige une séparation entre le fournisseur de gaz et l’opérateur du gazoduc », mais « derrière le conflit juridique officiel, l’Europe marque ainsi son soutien à l’Ukraine ».
Les relations entre les deux partenaires se refroidissent encore, alors que « Vladimir Poutine a directement menacé les approvisionnements de l’Europe, suggérant qu’une partie de la production russe pourrait être détournée vers l’Asie », rapporte Le Figaro. De son côté, « Bruxelles devrait désormais se concentrer sur l’un des autres projets de gazoduc dans le sud de l’Europe », ajoute le site du quotidien. « Le vice-président responsable de l’Energie à la Commission européenne, Maros Sefcovic, a rejoint Kristalina Georgieva, en faisant valoir un nécessaire renforcement de la sécurité énergétique: ‘ce nouveau développement va devoir être discuté. L’évolution constante du paysage énergétique est une raison pour l’UE de construire une Union de l’Energie dont l’une des priorités sera la sécurité des approvisionnements' », rapporte La Tribune.
Cet éloignement russo-européen de plus en plus prononcé sonne aussi le rapprochement russo-turc. Pour Le Monde, « le meilleur carburant pour la relation russo-turque reste incontestablement la fibre anti-occidentale ». Ce rapprochement étonne mais « la coopération énergétique et le refus de la domination occidentale ont eu raison des désaccords sur la Syrie », estime le site du quotidien. Ce rapprochement est « inattendu » pour Courrier International qui affirme que « la Turquie n’a pas l’intention d’y renoncer uniquement pour satisfaire Washington et Bruxelles ».