Alors que le débat sur la déchéance de nationalité divise la gauche et les Français, le décret de Pétain privant De Gaulle de sa nationalité française refait surface. Entre 1940 et 1944, ce sont surtout les Juifs qui avaient été visés par cette mesure. Les cas de déchéance sont devenus rares. Ils concernent surtout des binationaux condamnés pour terrorisme, comme le Franco-Tunisien qui avait aidé les assassins du commandant Massoud.
En plein débat sur la déchéance de nationalité étendue aux binationaux nés français condamnés pour des actes de terrorisme, peu s’en souviennent. De Gaulle avait été déchu de la nationalité française en 1940 après son départ à Londres. Le décret daté du 8 décembre 1940 avait été signé par le Maréchal Pétain, chef de l’Etat français. Il faisait du général de Gaulle un apatride. Ce qui serait aujourd’hui impossible, puisque seuls les binationaux peuvent être déchus de leur nationalité.
S’il s’agit du cas le plus célèbre, la vague de déchéances de nationalité décidées par Vichy avait surtout frappé les Juifs. Entre 1940 et 1944, environ 7000 Français de confession juive seront déchus de leur nationalité, soit 78 % des dossiers examinés. Cette déchéance était bien souvent la première étape avant la déportation.
Il faut y ajouter les 110 000 Juifs d’Algérie, dénaturalisés collectivement en octobre 1940 par l’abrogation d’un décret de 1870 leur attribuant la nationalité française. En Allemagne, Albert Einstein ou le futur chancelier Willy Brandt avaient eux aussi été déchus de leur nationalité par les nazis.
Par Luc CHAILLOT