Nombreux ont décrit le processus qui a amené Macron au pouvoir : alignement parfait des astres Juppé out, Fillon out, Mélenchon et Le Pen hauts, Hollande out, Valls out, Hamon « lunaire »… ou concaténation exceptionnelle.
D’autres ont considéré que, tel Uber profitant du monde conservateur et rigidifié et des taxis pour se développer, Macron a largement su profiter d’un monde politique tétanisé depuis une vingtaine d’années notamment par son rapport à l’extrême droite pour surfer sur la vague du dégagisme.
En son temps, Ségolène Royal avait senti ce besoin de modernité et de déverrouillage de la société avec Désir d’Avenir mais sa personnalité avait empêché de transformer l’essai.
François Hollande avait en 2012 un boulevard ouvert pour avancer vers une social-démocratie à la française qui s’est concrétisé … par une incapacité à juguler sa propre majorité et terminé par un projet de loi sur la déchéance de nationalité… mortifère.
Ainsi pour ceux qui pensent que la vraie révolution, c’est l’évolution, le social-libéralisme est apparu comme le seul choix possible dans l’instant de vote présidentiel, face aux populismes.
Les Français ont donc choisi « le nouveau monde » plutôt que le conservatisme. Rapidement ils ont souhaité que le tir soit rectifié : Uber mais sans déréglementation ; un modèle économique régulé et équilibré.
Quelques mois après :
Le leadership présidentiel est affirmé sur le plan international. Il devra s’installer dans la durée. Pour cela, Macron devra agir, notamment en faisant progresser concrètement l’Europe Sociale et aussi Solidaire afin d’entrainer les Français dans un imaginaire positif partagé pour eux et pour la France.
Mais Jupiter, comme Dieu Mitterrand le fit par le passé, doit descendre « faire le marché ».
Si un Président ne peut être normal de par sa fonction, il ne peut pas être arrogant et suffisant. Il est simplement au service de son pays, humblement.
Il doit comprendre que, seul, il n’y arrivera pas. Il doit pouvoir s’appuyer d’une part sur les collectivités territoriales qui réalisent les ¾ de l’investissement public et d’autres part sur les forces vives, les entrepreneurs bien sûr mais pas que.
Les Députés en marche doivent également comprendre que, s’ils sont issus pour la plupart de la société civile, ils ne peuvent s’ériger en représentants de la société civile organisée. Sinon, les citoyens considèreront qu’ils ont remplacé une majorité de Députés aux résultats insuffisants par une majorité de Députés aux compétences insuffisantes.
Aucun pouvoir démocratique ne peut se passer des corps intermédiaires et notamment des associations et des organisations professionnelles et syndicales.
La démocratie moderne est élective et représentative mais également participative et citoyenne. C’est cet « écosystème » qu’il faut régénérer pour la société du futur !
Patrick Forgeau