Dany Cohn-Bendit, ancien leader de Mai 68 et compagnon de route de la bande de Charlie, a écrit la préface d’un livre de Cabu en 2006. Interview :
Comment réagissez-vous à l’attaque barbare contre «Charlie Hebdo» et à l’assassinat de plusieurs dessinateurs ?
C’est notre génération, c’est la génération des caricaturistes, l’une des dernières formes de l’esprit de Mai 68 qui a été assassinée.
Il y a un islamofascisme, ça existe. Ce n’est pas l’islam, ce sont des fascistes, il ne faut pas tourner autour du pot. Comme il y a eu un fascisme venu de la civilisation occidentale, il y a un fascisme venu de la civilisation de l’islam. Il faut tenir bon maintenant. On a toujours dit: «Le fascisme ne passera pas.» C’est dur mais il faut rester clair dans sa tête et ne pas tout mélanger. Ce qui est attaqué là, c’est le droit à la critique radicale de toutes les religions. Charlie Hebdo, c’est la radicalité anticléricale, c’est pour ça qu’ils ont été tués. Notre civilisation, ce qu’on veut défendre, c’est le droit à cette radicalité.
Vous étiez un proche de Cabu et de Wolinski?
Wolinski était venu à la fête de mes 68 ans en juin. Cabu était un copain. J’ai écrit en 2006 dans une préface d’un de ses livres, Cabu n’a peur de rien. Il a sa radicalité à lui. Ce qui est extraordinaire, c’est que quand je revois mes discours de Mai 68, ils sont ringards, mais ses dessins à lui ne sont pas ringards. Le Cabu anticlérical, antimilitariste antiautoritaire était l’une des incarnations de cette radicalité. Il marche la tête haute.