À moins de deux ans des prochaines élections européennes, le président du Parlement Antonio Tajani, a établi les priorités de campagne pour repousser l’euroscepticisme et le populisme et encourager les gens à se rendre aux urnes. S’exprimant devant des experts des affaires publiques lors d’un événement EPC à Bruxelles, Antonio Tajani a affirmé que la migration, le terrorisme et le chômage chez les jeunes étaient les trois principaux défis auxquels l’Europe devait trouver des solutions avant les élections de juin 2019 afin de contrer la pression populiste.
En mettant l’accent sur le budget européen et la responsabilité politique, le président a insisté sur la nécessité d’allouer assez de fonds pour montrer aux citoyens européens que l’Europe est capable de résoudre des problèmes et faire la différence.
Budget plus inclusif
« Le budget est une stratégie politique », a-t-il déclaré, rappelant qu’il est nécessaire d’organiser un véritable débat pour le prochain Cadre financier pluriannuel, notamment pour atténuer les pertes financières qui découleront du Brexit.
Le Royaume-Uni étant l’un des principaux contributeurs au budget européen, sa sortie de l’UE pourrait en effet créer un déficit financier dans les coffres de l’UE de 14 à 19 %, soit 20 à 27 milliards d’euros.
Le débat sur la révision du budget européen agite Bruxelles et les États membres depuis la présentation d’un « document de réflexion » par le commissaire au budget, Günther Oettinger.
Certains veulent que le budget soit plus inclusif et implique les citoyens à l’approche des élections. Et Antonio Tajani semble avoir saisi le message.
Entre ses lignes, le document de Günther Oettinger semble reconnaître qu’il détient le joker avec la proposition du budget européen. En effet, le débat sur l’avenir de l’Europe ne sera pas résolu tant que les éléments clés de l’architecture du budget ne seront pas choisis.
Responsabilité politique
Le 13 septembre, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, prononcera son discours sur l’état de l’Union et dévoilera sa vision pour l’avenir de l’UE, après des mois de réflexion sur les cinq scénarios possibles.
« Sans responsables politiques et sans débat politique, il est impossible de renforcer l’Union européenne », a déclaré Antonio Tajani, dans une critique à peine voilée, et qualifiant les élections européennes de moment de vérité.
Reconnaissant que le nouveau climat politique en Europe est plus favorable à une intégration européenne, Antonio Tajani a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’une occasion à ne pas manquer et que davantage de responsables politiques devaient participer à la construction de l’avenir de l’UE.
Si les citoyens veulent que l’Europe s’attaque au chômage chez les jeunes, à la migration et au terrorisme, les responsables politiques doivent prouver qu’ils peuvent assumer leur responsabilité politique et forger leur propre stratégie.
Immigration, un problème européen
Les efforts passés pour contenir l’afflux de migrants le long de la route des Balkans occidentaux devraient être transposés à d’autres routes, comme en Libye, affirme Antonio Tajani qui rappelle que l’immigration dans cette zone de la Méditerranée est un problème européen et non un problème italien ou espagnol.
Cela signifie de l’investissement. « Sans la stratégie pour l’Afrique, il est impossible de trouver une solution durable à l’immigration illégale », a ajouté le président du Parlement européen.
Sous l’impulsion de Federica Mogherini, l’Europe met en place des instruments pour l’investissement, le soutien démocratique et le renforcement des capacités, dont le Fonds fiduciaire pour l’Afrique, Migration Compact et le Plan d’investissement extérieur de l’UE.
Pour la première fois, il existe bel et bien une volonté d’investir dans l’avenir du continent, mais ce n’est pas suffisant. Jusqu’à présent, 3,5 milliards d’euros ont été alloués à l’Afrique alors que 40 milliards sont nécessaires, rappelle Antonio Tajani, qui plaide pour un plan Marshall pour l’Afrique.
Insistant sur le lien entre l’immigration illégale et le terrorisme, l’eurodéputé italien n’a pas hésité à dire que l’UE devrait être plus présente dans les Balkans, où Daech serait en train de s’implanter.
« Même si je proposais un FBI européen en signe de provocation, plus de coopération et d’argent pour la sécurité sont nécessaires », a-t-il ajouté.
Spitzenkandidaten
Antonio Tajani n’a toutefois pas abordé les élections de 2019 sous un angle institutionnel. En mentionnant brièvement le système de Spitzenkandidaten, il a déclaré que celui-ci serait maintenu puisqu’il privilégie un processus clair et ouvert plutôt qu’une décision prise à huis clos entre les dirigeants européens.