Alors que l’Europe peine à se remettre de la crise économique, l’écart entre les riches et « les autres » se creuse, selon la Confédération européenne des syndicats. La Confédération européenne des syndicats (CES) veut voir les salaires augmenter. Elle a lancé, le 14 février, une campagne en ce sens, pour orienter l’économie dans la bonne direction au lendemain de la crise
« Les salaires sont bas et n’évoluent pas », a regretté à l’occasion de cet événement Ronald Janssen, conseiller en matière de politiques économiques auprès de la Commission syndicale consultative (CSC).
Plusieurs représentants syndicaux ont fait remarquer que nombre de citoyens vivant dans la rue ont en réalité un travail, mais que leur salaire s’avère trop faible pour leur permettre de vivre dans des conditions décentes.
« Les salaires se sont effondrés au cours des dix dernières années: ils n’ont pas diminués, ils se sont effondrés! » a martelé le secrétaire général du CES, Luca Visentini.
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D’après la secrétaire confédérale de la CES, Esther Lynch, la négociation collective reste le meilleur moyen d’atteindre des niveaux de salaires raisonnables. « Cette réalité doit se refléter dans les politiques de l’UE et de ses États membres, ainsi que dans une nouvelle série de négociations collectives tant attendues », a-t-elle ajouté.
« Je suis convaincu que la négociation collective demeure la principale question à considérer à l’heure actuelle », a également indiqué le président de la Confédération des syndicats indépendants en Bulgarie (CITUB), Plamen Dimitrov.
D’après Christian Wigand, porte-parole de la Commission européenne, l’UE n’a toutefois pas de compétence exclusive pour légiférer sur la rémunération ou sur la mise en place d’une réglementation sur la fixation des salaires. « Il revient aux partenaires sociaux et aux autorités de chaque État membre de prendre les décisions nécessaires à ce sujet », a-t-il rappelé.
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Le porte-parole a cependant ajouté que la Commission avait émis des recommandations sur l’évolution des salaires visant à davantage indexer ceux-ci sur la productivité. « L’emploi et la croissance sont évidemment au cœur des préoccupations de la Commission », a-t-il assuré. « Dans le cadre de ses travaux sur la gouvernance économique, la Commission se concentre sur le triangle vertueux consistant à stimuler les investissements, poursuivre des réformes structurelles et garantir des finances publiques responsables. »
L’effondrement des salaires a provoqué une baisse considérable de la demande, un cercle vicieux aux conséquences des plus néfastes pour l’économie européenne. « Les travailleurs européens ont besoin de salaires plus élevés pour soutenir la relance économique, favoriser la stabilité des prix et promouvoir une répartition équitable du profit », a continué Ronald Janssen.
Cependant, d’après le maire d’Oslo, Raymond Johansen, un modèle unique ne serait pas adapté à la diversité culturelle d’un continent aussi vaste que l’Europe. « Le marché économique est un excellent outil », a-t-il souligné. Selon lui, le recours aux avantages fiscaux pourrait aider à stabiliser les prix.
Nicolas Schmit, ministre luxembourgeois du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire, a indiqué que les mesures prises par le CES à ce sujet étaient « absolument nécessaires ». « Nous devons avoir une discussion sérieuse avec tous ceux qui se considèrent progressistes », a-t-il précisé. « L’Allemagne est en partie responsable de ces perturbations au sein de l’Union monétaire. »
« Pourquoi l’Europe a-t-elle besoin d’une augmentation salariale? Parce que nous le méritons tous, sans exception », a conclu Plamen Dimitrov.
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