Un projet de loi devrait prochainement modifier la loi électorale en ce sens, et préparer l’hypothèse de listes transnationales dont l’aboutissement est peu probable pour l’heure. Le premier ministre français, Edouard Philippe, a officialisé le changement du mode de scrutin pour les élections européennes de 2019, en en faisant part aux différents partis, dont le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, mercredi matin. Plutôt que des circonscriptions régionales, une circonscription nationale sera organisée, avec un scrutin toujours organisé à la proportionnelle en un tour. Emmanuel Macron avait consulté l’ensemble des partis politiques il y a deux semaines sur le sujet. Et hormis la droite, la plupart des partis penchait pour ce retour à un scrutin national.
Pourtant sur le fond, l’implantation locale des députés européens a un sens. Le Mouvement Européen avait d’ailleurs défendu les listes régionales dans les colonnes d’Euractiv. Un député européen représentant 700 000 citoyens, son ancrage local est limité, argumentait-il. Mais le faire élire dans une des 13 nouvelles régions redonnerait du sens au cadre local
« Il serait en tous cas paradoxal de prétendre s’engager dans la construction d’une nouvelle Europe sur la base des pratiques de l’Ancien Monde », estimaient Yves Bertoncini et Olivier Mousson.
Cet ancrage local est déjà regretté par certains, à l’instar de Jean Arthuis, pourtant proche de La République En Marche.
S’il rebascule vingt ans plus tard vers une seule circonscription nationale aux européennes, le projet de loi doit maintenir la barre existante des 5% des suffrages exprimés pour obtenir au moins un élu, a précisé M. Lagarde. Les partis seraient remboursés de leurs frais de campagne dès lors qu’ils auraient réalisé 3% des voix.
Des listes transnationales possibles, mais peu probables
Autre innovation du futur projet de loi: la possibilité de constituer au niveau européen des listes transnationales, comme le souhaite Emmanuel Macron. Un projet peu crédible pour l’heure puisqu’il nécessite un accord des 27 États membres, et que peu d’entre eux ont montré un enthousiasme débordant pour les listes transnationales.
Le fait de recentraliser l’élection favorisera les partis moins implantés localement comme LREM, mais aussi les extrêmes dont l’influence repose surtout sur une personnalité, comme Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen. Cette dernière a toutefois indiqué qu’elle ne se représenterait pas, mais que la campagne de 2019 s’organiserait entre « les européens et les européistes ».
RÉACTIONS
Franck Proust, chef de la délégation LR au Parlement européen, a vivement réagit au retour aux listes nationales.
«Pour des raisons qui tiennent plus à un « tripatouillage électoral » qu’à du bon sens, le Gouvernement éloigne les citoyens, les associations et les entreprises, de ses représentants au Parlement européen.
Et cerise sur le gâteau, le seuil de voix à atteindre pour le remboursement des frais de campagne serait abaissé à 3%, ce qui engendrerait certainement une multiplication des candidatures, et favoriserait ainsi les partis eurosceptiques.
L’Europe prend un coup, mais Les Républicains ne l’abandonneront pas, et c’est avec une véritable « équipe de France » que nous présenterons aux Françaises et aux Français un projet ambitieux, lucide et réformateur, pour bâtir ensemble, l’Union européenne de demain, celle qui agit et qui protège.» a-t-il déclaré dans un communiqué.
Par : Aline Robert