« Après avoir revendiqué le poste dès les premiers résultats des élections européennes connus, Jean-Claude Juncker se dit « confiant d’être élu prochain président de la Commission européenne d’ici mi-juillet » dans un entretien au journal allemand Bild dimanche 1er juin. »
« Ceci alors que les conservateurs constituent la première force du Parlement européen après les élections européennes du 25 mai : le Parti populaire européen (PPE) de centre droit, qui a choisi l’ancien premier ministre luxembourgeois comme candidat, a obtenu le plus grand nombre d’élus.
« HOMME DU PASSÉ »
Mais si le choix du prochain président de la Commission doit être avalisé par le Parlement européen, les dirigeants des 28 membres de l’Union européennedoivent d’abord se mettre d’accord entre eux pour désigner le nom d’un candidat. Et malgré la confiance de Jean-Claude Juncker, plusieurs voix, et pas des moindres, expriment de fortes réserves. La vague anti-européenne qui s’est exprimée le 25 mai dans plusieurs pays force en effet certains dirigeants à contester le choix de Jean-Claude Juncker, un vétéran de la construction européenne, ancien président de l’Eurogroupe et cofondateur de l’euro, perçu comme trop fédéraliste.
Dans la semaine qui a suivi les élections, des critiques sont ainsi venues de la Grande-Bretagne, Hongrie, de la Suède, du Danemark et des Pays-Bas.
Angela Merkel est-elle en train de remettre en question la candidature de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne ? Le candidat du Parti populaire européen est arrivé en tête des Européennes, mais clairement, la chancelière allemande ne compte pas le soutenir le moment venu. Angela Merkel : ‘Bien sûr, le candidat Jean-Claude Juncker fait partie du débat. On l’a répété plusieurs fois, le plus important est de savoir lequel des deux plus grand groupe est le plus fort au Parlement. Mais d’un autre côté, on sait qu’aucun groupe parlementaire ne peut décider seul du Président de la Commission’. En effet, l’europarlement est plus fragmenté que jamais. Faute d’entente entre les élus, les 28 pourraient être tentés de maintenir leurs prérogatives. Mardi soir, ils devraient évoquer des candidats de compromis issus de la gauche libérale ou de la droite sociale pour prendre la tête de la Commission européenne.
Des noms circulent déjà comme la Première ministre sociale-démocrate danoise Helle Thorning-Schmidt, ou son homologue finlandais, le jeune conservateur Jyrki Katainen qui a annoncé qu’il quitterait son poste en juin. Troisième nom dans le chapeau, l’ancien Premier ministre letton, Valdis Dombrovskis, économiste reconnu, sans portefeuille depuis janvier. Reste à savoir si le Parlement aura l’occasion de faire entendre sa voix, ou si le Conseil européen lui forcera la main, passant outre le choix des électeurs de l’Union qui ont pourtant tranché entre les 5 candidats présentés avant le scrutin.
« L’Europe doit changer », et « nous n’avons pas besoin d’homme du passé », a pour sa part déclaré David Cameron, le premier ministre britannique, lors du sommet des dirigeants européens qui s’est tenu à Bruxelles le 27 mai, deux jours après les élections européennes.
LE NOM DE MOSCOVICI SUR LA TABLE
Samedi 31 mai, plusieurs journaux allemands rapportent des critiques allant crescendo. Selon le Bild, le président français, François Hollande, aurait lui aussisignifier sa réserve à voir Jean-Claude Juncker accéder au poste de président de la commisssion.
François Hollande aurait ainsi fait savoir cette semaine à la chancelière allemande, Angela Merkel, qu’il avait besoin d’un « signal » en direction de ses électeurs, après le succès du Front national au scrutin de dimanche dernier. « Il a fait pression pour un programme d’investissement de grande ampleur et a mis sur la table [le nom] de son ancien ministre des finances, Pierre Moscovici », écrit leBild, sans citer de sources.
Le même jour, la dernière édition l’hebdomadaire allemand Der Spiegel rapporte d’autres déclarations du premier ministre britannique, David Cameron, dont l’opposition à M. Juncker est récurrente. Selon le journal, Cameron aurait menacé ses partenaires européens d’une sortie de son pays de l’Union européenne si le Luxembourgeois devenait président de la Commission européenne.
SOUTIEN ALLEMAND À JUNCKER
Citant « des sources proches des participants » au sommet de Bruxelles du 27 mai, le magazine rapporte que M. Cameron aurait déclaré à Mme Merkel, que le choix de M. Juncker « déstabiliserait à ce point son gouvernement qu’un référendum sur la sortie de l’Union européenne devrait être avancé » et se solderait très certainement par un refus de rester dans l’Union. « Une figure des années 80 ne peut pas résoudre les problèmes des cinq prochaines années. »
Ces déclarations paraissent alors que l’Allemagne et Angela Merkel avaient apporté la veille son soutien à l’ancien président de l’Eurogroupe.
L’ancien député européen écologiste Daniel Cohn-Bendit s’est lui aussi invité dans le débat pour la course à la présidence de la Commission européenne. Dans une interview au quotidien allemand Frankfurter Rundschau, paru le 31 mai, M. Cohn-Bendit a expliqué qu’il enjoignait aux députés européens écologistes de soutenir la candidature du conservateur Jean-Claude Juncker.