Le 9 février dernier, les citoyens suisses ont approuvés avec une petite majorité (50.3%) une initiative populaire contre « l’Immigration de masse », proposée par l’Union démocratique du centre, un parti de droite. Avec cette initiative la Confédération devra maintenant définir des plafonds concernant l’immigration des travailleurs et des réfugiés. Le résultat a été une surprise, au moins partiellement, car dans le passé des initiatives semblables, proposées par des mouvements xénophobes, ont toujours été refusées.
La Suisse est toutefois en train de vivre un moment difficile. La population est scandalisé notamment par les revenus des dirigeants des multinationales, par les activités illégales à l’étranger des grandes banques suisses, les augmentations des coûts de la santé. En outre, depuis bien des années le climat social s’est détérioré :
– le marché du travail est caractérisé par le chômage (dont la réalité est bien supérieure aux chiffres officiels), le précariat, le dumping social et salarial (remplacement de main d’œuvre résidente par main d’œuvre étrangère bonne marché, dont une proportion importante par des frontaliers) ;
– les pouvoirs publics ont approuvés maintes baisses d’impôt pour les riches et un nombre incroyable de mesures d’austérité dans les services publics et les assurances sociales ;
– les effets des privatisations de la poste, des chemins de fer, dans la santé et l’attaque en général contre les services publics, sont de plus en plus critiqués.
Le résultat du vote a donc été le cumul de plusieurs facteurs. Au vote xénophobe (minoritaire) se sont ajoutés les votes de protestation :
- contre la Confédération et les Cantons, considérés responsables de la situation ;
- contre l’avidité et le cynisme du patronat qui, par exemple, se refuse souvent de souscrire des conventions collectives de travail (seul 45% des salariés son couvert par un CCT) ;
- contre l’Union européenne. Dans le passé seulement la droite était contre l’UE ; maintenant une grande parti de la gauche ne considère plus l’UE un facteur de progrès et de prospérité, bien au contraire : l’UE est considéré l’instrument pour imposer la redistribution des revenus du bas vers le haut, la destruction de la socialité et la privatisation du service public.
Le gouvernement cherche maintenant des solutions avec l’UE, car le vote est contraire aux accords sur la libre circulation des capitaux, des marchandises et des personnes.
Graziano Pestoni. Ancien député régional pour le Parti socialiste et secrétaire du Syndicat suisse de la fonction publique (SSP/VPOD). Auteur du livre : « Privatizzazioni, il monopolio del mercato e le sue conseguenze » (2013)