De nombreux chefs d’États et de gouvernements européens, ainsi que les dirigeants des institutions de l’Union européenne, étaient présents à Paris, hier, pour la marche républicaine. Aux côtés de la France, ils ont montré leur unité face au terrorisme après les attaques meurtrières de la semaine dernière.
Pour Euractiv, il s’agit d' »une journée historique où les politiques ont fait fi de leurs dissensions pour afficher une unité inédite ». C’est le cas d’Angela Merkel, qui « a même incliné la tête sur l’épaule de François Hollande », et de « David Cameron qui s’oppose fermement aux positions plus fédéralistes de la France en matière européenne, et qui avait été le premier à annoncer sa venue aux côtés du Président français, et fait montre de fraternité », affirme le site Internet. Euractiv souligne qu’il y avait également « des invités plus gênants, tels que le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov ou encore Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, régulièrement critiqué pour ses attaques envers la presse et l’indépendance des médias ». Libération rappelle qu’en décembre dernier en Turquie, lors d’interpellations d’opposants au président Recep Tayyip Erdogan, « un patron d’une chaîne de télévision avait même été inculpé pour terrorisme ».
Organisée de toute urgence par le ministre de l’Intérieur, une réunion internationale antiterroriste s’est tenue dimanche matin en présence notamment du ministre américain de la Justice Eric Holder, du commissaire européen aux Affaires intérieures et à la citoyenneté Dimitris Avramopoulos, du coordinateur de l’UE pour la lutte contre le terrorisme Gilles de Kerchove et de onze ministres européens de l’Intérieur. Bernard Cazeneuve a annoncé qu’ils souhaitaient « un renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l’Union européenne et préconis[ai]ent une adaptation du système Schengen. Ils sont ainsi prêts à se confronter au Parlement européen qui bloque l’adoption d’un fichier européen des données des passagers aériens (PNR) pour des questions de protection de la vie privée », rapportent Les Échos. A la fin du mois, le Conseil des ministres « Justice et Affaires intérieures » se focalisera sur ces questions, avant le prochain Conseil européen du 12 février consacré à la lutte contre le terrorisme.
Le ministre français de l’Intérieur a indiqué qu’ils avaient identifié deux champs sur lesquels ils souhaitaient renforcer leur coopération, « les moyens destinés à contrecarrer les déplacements de combattants étrangers et de toutes les filières ; la lutte contre les facteurs et les vecteurs de radicalisation notamment sur Internet », rapporte Ouest France. « Nous avons donc marqué avec force le besoin d’une plus grande coopération avec les entreprises de l’internet, pour garantir le signalement et le retrait, quand il est possible, des contenus illicites, notamment des contenus faisant l’apologie du terrorisme, ou appelant à la violence ou à la haine », a affirmé le ministre.
Selon le journal allemand Bild, « le massacre perpétré à Charlie Hebdo pourrait annoncer une vague d’attaques en Europe par des terroristes djihadistes », rapporte La Tribune. Le site de l’hebdomadaire rappelle que « le Hamburger Morgenpost, un quotidien allemand de Hambourg qui avait publié des caricatures de Mahomet provenant du magazine Charlie Hebdo a été dimanche matin la cible d’une attaque avec un engin incendiaire ». « La situation n’est pas très différente d’un pays à l’autre », estime Slate. En Europe, « des centaines voire des milliers de jeunes [partent] pour faire le djihad (…) nombre d’entre eux reviennent pour porter la terreur en Europe » et « en face se développent des mouvements racistes ou xénophobes que les partis établis n’arrivent ni à comprendre ni à combattre ». Pour le site Internet, « les racines et les conséquences sont analogues. Elles exigent un traitement européen, sur les deux fronts, intérieur et extérieur ».