La délégation Front national s’avère plus éclatée que jamais avec la création d’une nouvelle formation politique par Jean-Marie Le Pen. Président d’honneur suspendu du Front national, Jean-Marie Le Pen a franchi lundi soir un pas de plus dans le conflit avec sa fille Marine en annonçant qu’il allait créer sa propre formation. Une annonce qui montre que la rupture est consommée entre les tendances père et fille au sein du parti, comme au sein de la délégation frontiste au Parlement européen.
Parmi les 24 élus initiaux du FN, ils en reste 23 au sein de la délégation FN. Certains sont plutôt proches du père, à l’instar de Christine Arnautu. D’autres, comme Florian Philippot, numéro 2 du parti, ou encore Louis Aliot, représentent au contraire la garde rapprochée de la fille.
Mais le Parlement européen reste le bastion du père : Jean-Marie Le Pen est en effet un des doyens de l’institution européenne où il siège depuis 1984. Il connait ainsi de nombreux eurodéputés, avec lesquels il a ses habitudes que ce soit à Bruxelles ou à Strasbourg.
En créant sa propre formation, il a d’ailleurs filé la comparaison avec d’autres structures européennes. Il a ainsi indiqué qu’il ne souhaitait pas que « le FN devienne comme le mouvement de (ndlr: Gianfranco) Fini (en Italie), une aile droite de la majorité, de façon que M. Philippot et quelques autres deviennent ministres »
Pour créer un groupe au Parlement européen, il faut rassembler 25 eurodéputés issus d’au moins six autres pays membres de l’UE, ce que le FN ne parvient pas à faire.
« Le fait que la délégation peine à s’entendre rend les contacts avec les autres délégations plus difficiles, d’autant que les deux eurodéputés qui ont été mis au ban du FN, Aymeric Chauprade et Jean-Marie Le Pen, sont aussi ceux qui avaient le plus de contacts avec les autres parti européens d’extrême-droite » note une source au Parlement européen.
Une nouvelle formation d’extrême-droite
« Je ne vais pas créer un autre parti. Je vais créer une formation qui ne sera pas concurrente du FN », a affirmé sur Radio Courtoisie le patriarche frontiste, suspendu le 4 mai par les instances du parti qu’il avait cofondé en 1972.
Cette formation, a-t-il expliqué, sera « un parachute contre le désastre, de façon à peser pour rétablir la ligne politique qui est celle qui a été suivie depuis des décennies ».
Élu pour la première fois à l’Assemblée nationale en 1956, M. Le Pen a de son côté prévenu qu’il se « battrait tant qu'(il) en a la force ». « Je ne me laisserai pas faire, je crois qu’il faut rétablir dans le mouvement une véritable démocratie », a critiqué M. Le Pen, qui a demandé vendredi que l’assemblée générale extraordinaire, convoquée par sa fille pour retirer son titre de président d’honneur des statuts du FN, soit physique et non « par correspondance ».
La délégation FN importante installée depuis un an traverse déjà sa troisième crise avec ce nouvel épisode. A l’été dernier, la formation s’était déjà interrogée sur les propos d’un de ses eurodéputés qui appelait à éliminer les candidats au djihad. L’auteur de ces propos, Aymeric Chauprade, a ensuite du démissionner de son poste de président du Mouvement pour l’Europe des Nations et des libertés, le parti européen censé fédérer les groupes d’extrême-droit en un seul.
Visiblement en guerre ouverte contre l’eurodéputé de Lorraine, l’homme politique âgé de 86 ans a déclaré qu’il attendait que Marine Le Pen « choisisse entre son père et Philippot », a-t-il renchéri.
Marine Le Pen avait décidé de frapper lourdement contre son père après sa nouvelle salve de provocations, guère nouvelles sur le fond, début avril: répétition de sa vision plusieurs fois condamnée par la justice des chambres à gaz, « détail » de l’Histoire, défense du maréchal Pétain, du « monde blanc » et critique en règle de la démocratie.