(Extrait) La social-démocratie européenne dans un monde globalisé aux frontières ouvertes
« Face au défi européen, la Sociale Démocratie européenne doit impérativement se remettre en question, suivant trois axes prioritaires. »
Le premier concerne les frontières de l’Europe. Les partis sociaux-démocrates doivent en effet clarifier leur conception de ce que doivent être les frontières européennes et des limites géographiques du continent. La frontière ne peut en effet ni être conçue comme un mur (supposément infranchissable) ni comme un simple lieu de passage sans formalités. Une véritable « idée neuve » de la frontière doit être pensée et proposée aux Européens par les sociaux-démocrates. Une frontière comme lieu politique avant tout, c’est-à-dire qui ne soit plus défini négativement de l’extérieur, par des institutions internationales, des marchés ou des grandes entreprises, ou encore par la pression migratoire, mais bel et bien par ceux qui sont à l’intérieur, les citoyens européens, et uniquement par eux – le demos européen pourrait retrouver là un enjeu de mobilisation face à la mondialisation.
Le deuxième axe prioritaire de la réflexion européenne est celui de l’organisation politique de l’Union. La SD devrait en effet songer à défendre à nouveau l’idée de « cercles concentriques » qui permettrait outre de régler le problème de l’ingouvernabilité actuelle due au trop grand nombre d’Etats membres et à leur hétérogénéité, d’inclure dans des cercles plus larges la Méditerranée ou le grand Est européen par exemple.
Le troisième axe prioritaire est bien évidemment celui de la prise en charge pleine et entière de l’outil économique européen par un gouvernement politique au niveau de l’Union : budget européen conséquent, investissements et aménagements structurels par l’emprunt au niveau européen, concentration des moyens nouveaux sur la recherche et l’innovation, remise en cause lorsque c’est nécessaire du principe de libre-échange, soumission du pouvoir de la BCE à ce gouvernement européen afin de retrouver l’usage de la politique monétaire dans le policy mix vis-à-vis de l’extérieur de l’euro.
Bref, la social-démocratie européenne doit réinvestir le terrain politique en Europe, en ayant peur ni de se défaire de ses habitudes bureaucratiques qui l’ont privé de tout esprit d’innovation et de toute audace depuis trop longtemps, ni d’aller clairement et ouvertement à l’encontre des propositions d’autres forces politiques européennes. La SD ne doit plus être européenne pour les autres, plus que les autres. Elle doit se refonder à partir de ses principes initiaux dans un monde globalisé aux frontières ouvertes, certes différent de celui qui l’a vu naître, mais qu’il faut tenter d’apprivoiser plutôt que craindre ou subir. »