Des personnalités noires de toute l’Europe ont exprimé leur soutien à l’eurodéputée italienne Cécile Kyenge, poursuivie en diffamation pour avoir qualifié de « raciste » le parti de Matteo Salvini. Dans une lettre ouverte, 40 personnalités politiques allemandes, belges, britanniques, françaises, hongroises et suédoises ont signé une déclaration de « soutien total » à Cécile Kyenge. Ils se disent « profondément troublés » par la décision du tribunal de Piacenza, dans le nord de l’Italie, de poursuivre l’eurodéputée en diffamation. Une action en justice appuyée par le ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini.
Cécile Kyenge a été ministre de l’Intégration au gouvernement de centre gauche d’Enrico Letta et est aujourd’hui eurodéputée du S&D. Elle est poursuivie suite à des commentaires tenus dans une interview en 2014, à l’occasion de la Fête de l’unité, organisée dans toute l’Italie par les partis de gauche.
L’élue y réagissait à une image postée sur les réseaux sociaux par Pablo Rainieri, alors à la tête du parti d’extrême droite de La Ligue en Émilie Romagne. Sur l’image, elle était représentée par un orang-outan.
En tant qu’eurodéputée, Cécile Kyenge bénéficie de l’immunité parlementaire, mais a décidé de la lever pour défendre sa position. Elle a elle-même porté plainte contre une série de représentants de La Ligue.
Née au Congo, l’eurodéputée vit en Italie depuis 1983. Elle a été la première ministre noire du pays et est la cible d’attaques racistes régulières de membres de La Ligue.
Roberto Calderoli, sénateur, a par exemple assuré lors d’un rallye du parti que quand il voyait une photo de Cécile Kyenge, « il ne pouvait pas s’empêcher de penser aux traits d’un orang-outan ». Comme d’autres politiques noirs, elle a été l’objet de jets de bananes lors d’événements publics.
L’eurodéputé Mario Borghezio appelait l’exécutif de Letta le « gouvernement bongo-bongo », en référence à la ministre à l’Intégration. Un exemple qui est passé moins inaperçu, puisqu’il a été condamné à une amende de 50 000 euros l’an dernier.
Pour les signataires de la lettre ouverte, « le cas de Cécile illustre un problème plus large dans toute l’Europe, où nous sommes témoins de la montée en puissance des partis populistes et d’extrême droite au sein de gouvernements dans lesquels ils font avancer leurs idées nationalistes et répandent haine et peur à l’encontre des minorités ».
Matteo Salvini, qui a récemment annoncé son intention de se joindre au « Mouvement » de Steve Bannon, espère unifier les partis d’extrême droite à l’approche des élections européennes de mai 2019.
Lors d’une réunion des ministres sur l’immigration et la sécurité, en septembre, l’Italien a comparé les migrants africains à des « esclaves ». Une sortie qui a tellement énervé son homologue luxembourgeois, Jean Asselborn, que celui-ci a laissé échapper une volée d’injures.