Les jeunes de 16 et 17 ans pourraient être autorisés à s’exprimer lors du référendum sur l’appartenance du pays à l’UE. Le parlement britannique doit se prononcer sur le sujet. Faire voter les jeunes Britanniques lors du referendum sur le Brexit ? L’idée ne plait pas excessivement au Premier ministre conservateur, David Cameron. Le 10 juin, lors de la séance hebdomadaire de questions au Premier ministre à la Chambre des communes, il a en effet estimé que l’âge électoral devrait être le même pour toutes les élections – 18 ans.
Harriet Harman, chef de file intérimaire des travaillistes, lui a cependant fait remarquer que l’âge électoral avait été abaissé lors du référendum sur l’indépendance de l’Écosse l’an dernier. « Pourquoi ne pas laisser les jeunes de 16 et 17 ans voter ? C’est un vote sur l’avenir de notre pays. Ils ont voté dans le référendum écossais. C’est aussi de leur avenir qu’il s’agit », a-t-elle souligné.
David Cameron a alors cédé et autorisé la Chambre des communes à débattre et voter sur le sujet. « Cette Chambre devrait mettre la question au vote. Le manifeste conservateur est clair et ma position est claire. J’estime que nous devrions conserver l’âge actuel de 18 ans […], mais la Chambre des communes peut voter », a répondu le Premier ministre.
Le Parti national écossais (SNP), pro-européen, et le parti travailliste se félicitent tous deux de cette concession. Les jeunes électeurs sont en effet plus susceptibles de voter en faveur de l’adhésion à l’UE.
Le SNP, qui a remporté 56 sièges au parlement de Westminster lors des dernières élections, souhaite également autoriser les Européens résidant en Grande-Bretagne à voter lors du référendum. Les Britanniques, Irlandais et ressortissants des pays du Commonwealth résidant au Royaume-Uni et les citoyens britanniques résidant à l’étranger depuis moins de 15 ans sont autorisés à voter. Ce n’est toutefois pas le cas des citoyens des pays européens (à l’exception des citoyens irlandais, maltais et chypriotes, membres du Commonwealth), mais l’ouverture du 10 juin laisse entrevoir la possibilité d’élargir davantage l’électorat.
Les conservateurs eurosceptiques s’opposeront à cette idée, puisque les Européens non britanniques voteraient très probablement pour que le pays reste dans l’UE.
Les travaillistes cèdent
David Cameron, qui avait promis d’organiser le référendum d’ici 2017 s’il était réélu, a remporté une victoire inattendue lors des élections du mois de mai. La loi sur le référendum a passé son premier test au parlement le 9 juin : 544 parlementaires ont voté pour, 53 contre.
Après cette victoire des conservateurs, les travaillistes, au départ opposés au référendum, ont en effet changé d’avis et affiché leur soutien au projet, un revirement que le Premier ministre n’a pu s’empêcher de faire remarquer lors de sa visite à Westminster.
« Après cinq ans d’opposition à un référendum sur l’Europe, ils se sont tous rassemblés pour voter pour. C’est la plus grande conversion de masse depuis que ce général chinois a baptisé ses troupes avec un tuyau d’arrosage ! », a-t-il raillé. Harriet Harman a rétorqué qu’il devrait se comporter « avec plus de classe ».
Analyses indépendantes
Le parti travailliste a exigé que David Cameron donne aux électeurs une analyse indépendante de l’impact financier d’un Brexit.
Avant de remplir leur bulletin de vote, les Britanniques doivent être mieux informés, selon ses membres, qui ajoutent que le gouvernement de Cameron devrait présenter des analyses de la Banque d’Angleterre et des prévisionnistes économiques indépendants du bureau de la responsabilité budgétaire, et ce au moins dix semaines avant le référendum. Le mois dernier, la Banque d’Angleterre a annoncé qu’elle avait l’intention de réaliser une étude sur la question.
« Si un événement aussi déterminant qu’un Brexit se profile, nous avons réellement besoin […] de positions indépendantes, d’une étude indépendante sur les coûts et l’impact de cette décision sur l’emploi et les finances du pays », a déclaré un porte-parole travailliste.
Le parti travailliste a également demandé une analyse des conséquences d’une sortie de l’UE sur les responsabilités gouvernementales, département par département.
Ces propositions ont été présentées sous forme d’amendements à la loi autorisant le référendum. David Cameron, qui bénéficie d’une majorité parlementaire, pourrait donc tenter de bloquer les modifications qui ne lui plaisent pas.
Le Premier ministre a promis de renégocier les conditions d’adhésion du pays au bloc européen avant l’organisation du référendum. Ce sera le premier référendum britannique sur l’Europe en exactement 40 ans, puisque les Britanniques ont voté favorablement à l’adhésion pour la première fois le 5 juin 1975.
David Cameron a annoncé qu’il préfèrerait que le pays reste dans une Union réformée, mais « n’exclurait aucun cas de figure » s’il ne parvenait pas à obtenir les changements qu’il souhaite.
Le week-end dernier, lors du sommet du G7 en Bavière, il avait averti ses ministres que s’ils souhaitaient un Brexit, ils devaient démissionner, avant de revenir sur cette déclaration.